Il y a trente ans l'Assemblée Nationale et le Sénat votaient l'abolition de la peine de mort.
J'étais député, et malgré mes liens avec certains des plus grands défenseurs de l'abolition au sein de la mouvance gaulliste, tels Jacques CHIRAC , Philippe SEGUIN et Pierre BAS, j'ai voté CONTRE cette abolition.
Je n'étais d'ailleurs pas un partisan fanatique d'une peine de mort -qui, il fau t le rappeler, n'était presque plus appliquée -et je souhaitais que l'on mette fin à l'utilisation de la guillotine, ce symbole sanglant de la barbarie républicaine.
Mais, je n'approuvais pas une "sensiblerie" en peu trop souvent manifestée en faveur des criminels, assortie d'une totale indifférence au sort des victimes.
Parmi les arguments les plus convaincants dans les deux camps, il y avait, pour les abolitionnistes, le danger toujours réel de l'erreur judiciaire irréparable et pour les anti-abolitionnistes, la menace des récidives des criminels.
J'avais d'ailleurs pris la parole à la tribune de l'Assem blée, en citant toute une série de cas de récidives meurtrières qui n'auraient pas eu lieu , si les criminels en question avaient été exécutés.
L' honnêteté me conduit à reconnaître que la comparaison entre pays abolitionnistes et pays non abolitionnistes ne mène à aucune conclusion évidente en faveur d'une thèse ou de l'autre.
Avant l'abolition, en France, la peine de mort n'avait qu'un effet dissuasif réduit. Seuls les grands gangsters professionnels l'intégraient dans leurs calculs en évitant de commettre des actes - notamment des meurtres - qui pouvaient les faire condamner à mort.
Aujourd'hui, on assiste à un phénomène inverse. Un certain nombre de braqueurs ont une tendance un peu facile à "liquider" les témoins qui pourraient les faire arrêter, alors qu'eux mês ne risquent pas la mort.
Par contre, l'effet négatif de cette abolition a été, en France, l'effondrement de l'échelle des peines , d'autant qu'il n'existe
pas de peine de prison à vie et que rarerment l'emprisonnement ne dure plus de vingt ans.
Je n'ai donc pas "célébré" l'anniversaire de cette "victoire" du" progrès". Je continue à penser que certains crimes particulièrelmnt horribles méiteraient une "sanction définitve" et qu'en cas de conflit armé, la "haute trahison" devrait recevoir sa juste sanction.
Mais je dois être un affreux réacitonnaire, comme la grande majorité des Français, à qui l'on se garde bien de demander d'exprimer leur avis sur cette question.
Claude - Gérard MARCUS